Leon Còrdas (1913 – 1987)

Leon Còrdas, né à Siran le 30 mars 1913, est un écrivain minervois.

Poète, il est aussi dramaturge, romancier et scénariste. S’exprimant essentiellement en langue occitane, il en fut le plus fervent défenseur, militant pour son utilisation sous diverses formes. Il meurt à l’âge de 74 ans, le 9 octobre 1987 à Montpellier.

Leon Còrdas passe son enfance à Minerve, au cœur de la garrigue languedocienne où, depuis le XVIIème siècle, ses ancêtres, viticulteurs de père en fils, lui ont légué, une propriété de vignes, mais aussi et surtout un attachement à la terre dont il restera, sa vie durant, l’infatigable laboureur. Il mènera de front le travail de cette terre qui lui est si chère, et la promotion de la langue occitane dont il sera, toute sa vie, le chantre et l’ardent promoteur.

Suite à la mort de son père à la bataille de Verdun, sa mère l’inscrit en 1924 à l’institut Saint Joseph de Limoux où les fils de propriétaires viticoles apprennent leur futur métier. Dès 1929, à seulement 16 ans, il reprend en main le domaine de Siran et mène de front ses deux passions. Très tôt, il écrit ses premiers poèmes en occitan, langue paternelle que son grand-père, sculpteur et poète, et son grand-oncle, conteur populaire, font résonner à ses oreilles comme elle résonne dans les échanges quotidiens des gens du Minervois. De cette vie de tradition, du travail de la terre et de la vigne, de cette garrigue aux accents chantant, Leon Còrdas puise son inspiration. Son œuvre sera ainsi profondément marquée et inscrite par la culture occitane, par les gens de ce pays pétris du labeur des traditions.

Inscrit au collège « Occitania » en 1929 dont il suivra les cours par correspondance, il participe très jeune à des spectacles de théâtre, déclamant notamment : « Lo sermon del curat de Cucunhan » [Le sermon du curé de Cucugnan] d’Achille Mir, poète et écrivain français de langue occitane. Il découvre les textes de Josep Sebastià Pons et à 18 ans, il achète une anthologie des troubadours qui ne le quittera jamais. Il retranscrira d’ailleurs cette dernière en occitan moderne en 1975 dans son anthologie : « Trobadors al segle XX« . En 1934, il fera son service militaire à Montpellier où il fera la connaissance de jeunes activistes militants du Nouveau Languedoc. Charles Camproux, dans son cercle d’ami, créé à Narbonne en 1935 le Parti Occitaniste auquel Leon Còrdas adhère immédiatement. Il y était, selon les termes de l’époque  » Delegat a la Propaganda Paisana« .

En parallèle, et dès 1933, Léon Cordes suit la Compagnie Théâtrale d’Ernest Vieu : il y lit des poèmes en public, puis interprète ses propres œuvres théâtrales souvent mises au répertoire de la compagnie. Adhérent au Félibrige, (association qui œuvre dans un but de sauvegarde et de promotion de la langue, de la culture et de tout ce qui constitue l’identité des pays de langue d’oc), il croit fermement aux possibilités de renouvellement du théâtre en créant, avec Ernest Vieu, l’Office du théâtre d’Oc, organisme de diffusion et de « promotion » de la langue occitane. Il collabore en 1939 à de nombreuses parutions dans les revues Terre d’oc, L’ase negre, Occitania ; il dirige deux troupes de théâtre, l’une à Argeliers (Aude), l’autre à Montouliers (Hérault) où il fit la rencontre de Germaine Clerc, sa future compagne et fille elle aussi de vigneron.  

Son premier recueil de poèmes, Al mirar d’aquesta riba, date de 1940. Après la guerre, il anime une compagnie, « Lo Quadrilh« , entre danse et de théâtre, où il dit contes et poèmes, et fera avec cette troupe un court métrage « Le Minervois ». Il faudra attendre 1949, et après de nombreuses vicissitudes, pour que soit parue pour la première fois un de ses romans :   » Set Pans« , sera son premier roman occitan, dans une veine néo-réaliste, qui, dans l’esprit de Léon Cordes serait la trame d’un film reprenant une année entière du cycle viticole.

Les privations faisant suite à la guerre et des années de sécheresse poussent Leon Còrdas à vendre son domaine de Siran, et après une tentative malheureuse de travail dans une laverie à Montpellier, Leon Còrdas fait l’acquisition d’un petit terrain à Lattes où il y crée une petite exploitation maraîchère.  L’Ortalana sera sa maison de famille où ses quatre enfants grandiront, bercés par la parlé occitan de leur père. Il a peu de temps pour écrire, son exploitation étant très chronophage. Il présente tout de même en 1955 sa pièce « La font de bonas gracias » qui obtient le prix Théodore Aubanel, et qui lui vaudra d’être consacré écrivain de théâtre. En 1969, il vient s’installer à Montpellier où il est engagé par Jean Deschamps au Centre Dramatique National du Languedoc.

Dès 1970, sa carrière connaîtra un nouvel élan :  il donne des soirées poétiques avec lectures et contes, reprend Lo sermon del curat de Cucunhan, collabore avec des chanteurs, Fulbert Cant, Gisèle Pierra, Eric Fraj, monte le spectacle « Escotatz » où il déclame ses nouveaux poèmes publiés dans « Dire son sì » en 1975. Viendront alors la parution de nouvelles : Los Macarels I et II (1974, 1982), une enquête ethnographique, Lo pichot libre de Menerba, un roman, La Batalha dels teules, Trobadors al segle XX (1975), et un manuel d’apprentissage de l’occitan, « L’occitan fondamental ». Leon Còrdas est alors considéré et reconnu comme l’un des écrivains occitans les plus lus.

En 1984, il écrit une nouvelle pièce de théâtre, Menerba 1210, travaillant avec acharnement pour faire jouer cette fresque contant la lutte cathare dans les lieux mêmes où elle se déroula huit siècles auparavant, à Minerve, où il a passé son enfance. Ce sera un vif succès ! La maladie l’emportera en 1987.

Hommage posthume : L’Establiment secondari calandreta (collège et lycée occitan) de Montpellier et la médiathèque de Siran portent son nom.

L’ensemble de son œuvre en occitan est déposé au Centre inter-régional de documentation occitane (CIRDOC), à Béziers.



Ses poésies :

Sieis poèmas per dire, 1940 

Flor de Santa Estela (1940, sous le pseudonyme Prudòm de la luna) ;

Aquarela, 1946 ;

Branca torta, 1964 ;

Dire son si 1975 ;

Respelida de Centelhas, Siran, 1960 ;

Se conti que conte 1980 ;

Fial de Fum



Ses pièces de théâtre :

La Matalena, 1932 ;

La Nòvia, 1935 ;

Tres per un, 1938 ;

Prudòm de la luna, 1936-1937 ;

Cantarana, 1938 ;

L’enfant de la Bona Novèla, 1940 ;

Remenbrança, 1941 ;

Lo camin nòu, 1943 ;

Quand se parla d’amor, 1944 ;

Lo Miralh, 1948 ;

La banda negra, 1962 ;

La font de bona gràcia – prèmi Teodore Aubanèl, 1955 ;

Lo monument, 1965 ;

Lo mistèri Frocan, 1966 ;

L’anel, 1968 ;

Lo cop del lapin, 1970 ;

Menèrba 1210 ;

Cabucèlas e Picapol, 1983 ;

Castelboc, 1984.



Ses romans et nouvelles :

1907. La route des gueux (roman 1948), publié en 2016 1.

Sèt pans – (roman 1977) ;

La batalha dels teules (roman 1979) ;

Los macarèls 1 e 2 (novèlas 1974) ;

Amics novèls (contes per dròlles 1973).

Son recueil historique et ethnographique :

Le petit livre de Minerve / Lo pichòt libre de Menèrba, préface de René Nelli, illustrations de Jean-Luc Séverac, Lodève, 1974.

Sources, liens, pour aller plus loin :

www.wikipedia.org/wiki/Léon_Cordes

Journée d’hommage à Leon Còrdas Journée d’études et d’hommage à Léon Cordes (1973-1987) / LLACS, RedÒc · Occitanica, Portal collectiu de la lenga e de la cultura occitanas (avec des enregistrements audios)

Cordes, Léon (1913-1987) · Occitanica, Portal collectiu de la lenga e de la cultura occitanas

Centre interrégional de développement de l’occitan (Béziers, Hérault), fonds Léon Cordes · Occitanica, Portal collectiu de la lenga e de la cultura occitanas

Jean-Marie Petit, Leon Còrdas, Béziers, CIDO & « Occitania », juillet 1985.

  • Pierre Serre, « La foi de Léon Cordes », Sud, n° 96, 26 décembre 1977 – 1er janvier 1978.

  • Correspondance avec Robert Lafont. Fonds Robert Lafont. Béziers, CIRDOC, LAF.

  • Jean-Frédéric Brun, « Òmes d’Occitània, Leon Còrdas nos a quitats », dans la revue Ocno 8, julhet (juillet) 1988, p. 37-38.





A noter :

Le CIRDOC-Mediatèca occitana possède plusieurs manuscrits de Leon Còrdas au sein de ses collections patrimoniales ainsi qu’un dossier de documentation réalisé à partir de coupures de presse.  (Léon Cordes · Occitanica, Portal collectiu de la lenga e de la cultura occitanas )